Quand le soir délivre la capitale de la canicule, les gens de La Valette viennent dans les jardins d'Upper Barrakka qui surplombent Grand Habour, le port et la rade. Sous les arceaux de pierre de la terrasse panoramique fleurie de lauriers roses, les Maltais ne se lassent pas du couchant qui enflamme les remparts et les dômes des églises.

Face à La Valette de l'autre côté de Grand Harbour, les « trois cités », Vittoriosa, Senglea et Cospicua étaient le quartier général historique des Chevaliers à leur installation dans l'île. André Maurois voyait ici « un golfe indigo que borde un cirque de hauts rochers d'or ».

L’architecture de La Valette est très homogène et évoque l’Italie toute proche avec des notes d’influences orientale. Trait distinctif des immeubles qui descendent en cascade vers la mer : de jolis balcons de bois couverts, véritables bow-windows colorés d’ocre ou de vert et parfois de bleu ou de rouge.

L'Auberge de Castille, de Léon et du Portugal à La Valette est l'une des sept auberges construites au XVIe siècle pour les chevaliers de l’Ordre de Saint Jean. L'Auberge a été entièrement reconstruite de 1741 à 1745 dans un style baroque par l’architecte maltais Andrea Belli. Bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment a subi des dommages graves. Aujourd’hui, l’ancienne auberge qui a été restaurée abrite le bureau du Premier Ministre.

Ces soldats d’un autre temps participent à la fameuse parade In Guardia. La reconstitution d’un évènement historique offerte pendant les mois d’été aux visiteurs de Malte. Il s’agit de l’inspection du fort et de la garnison par le Grand Bailli des Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean en charge des affaires militaires.

La Valette fit construire sur le mont Sciberras cette ville militaire qui deviendra la capitale et portera son nom. Les rues s’y croisent à angle droit. Malgré l’apparence sévère des bâtiments, les plus grands artistes de l’époque, comme le Caravage, ont déployé leur talent derrière les façades austères.

En 1530, les Chevaliers de l'ordre de Saint-Jean - moines hospitaliers des croisades chassés de Jérusalem, de Chypre et de Rhodes - s’installent sur cette nouvelle terre, cédée en fief par Charles Quint en échange d'un faucon. La croix blanche de Malte à huit pointes défie alors le croissant de l'islam.

En 1565, Maltais et Chevaliers résistent farouchement au Grand Siège de Soliman le Magnifique. Sitôt les Ottomans en déroute, le Grand Maître français Jean Parisot de La Valette dresse en quelques jours les plans de la citadelle qui portera son nom. Une cité de gentilshommes bâtie par un esthète.

Au fil des années, les grands maîtres et les chevaliers ont offert des objets d’art d’une grande beauté à la cathédrale Saint Jean, enrichissant sans cesse ce lieu de culte qui a été rénové au cours du XVIIe siècle dans un style baroque ruisselant d’or. La cathédrale abrite l'un des tableaux les plus célèbres du Caravage, "la Décollation de Saint Jean-Baptiste".s.

Bâtie entre 1575 et 1577, la co-cathédrale Saint Jean est le chef-d’œuvre de Gerolamo Cassar. Elle a été commandée par le grand maître Jean l'Evesque de La Cassière et dédiée à saint Jean-Baptiste, saint patron de l'Ordre. Les voûtes majestueuses en berceau et le sol de marbre de carrare sous lequel dorment des chevaliers offrent à la cathédrale une atmosphère de grande majesté.

La cathédrale Saint Jean abrite trois cent soixante-quatorze pierres tombales en marbre polychrome. Sous chacune, le tombeau d’un évêque ou d’un chevalier de Malte. Etre enterré ici était un privilège hautement recherché. Chaque illustration des dalles est unique et pouvait être choisie par le chevalier de son vivant. A l’entrée, on indique "Vous qui marchez sur les morts, rappelez-vous qu'un jour on marchera sur vous"

Le Palais de l'inquisiteur de Vittoriosa a été construit vers 1530 pour héberger le tribunal civil des Chevaliers de Saint-Jean. En 1574, on y installe le tribunal de l’Inquisition jusqu'à sa dissolution par Napoléon Bonaparte en 1798. Par la suite, les Britanniques le transforment en hôpital militaire, puis en mess pour la garnison de Senglea. Abandonné au début du XXe siècle, il est rénové et transformé en musée ethnographique.

Dans le Palais de l’Inquisiteur soixante inquisiteurs se sont succédés. Vingt-deux ont été créés cardinaux et deux furent élus papes. Indépendants et souverains, les chevaliers de Malte dépendent toutefois du pape qui leur envoie l'inquisiteur chargé d'inspecter le territoire, de veiller à la doctrine et d'aplanir les conflits entre le grand maître et les évêques.

A la fois soldats de Dieu, brillants médecins et mécènes flamboyants, les Hospitaliers inventent un art de vivre à la maltaise qui suscite des jalousies. Bonaparte gouverne cette « île au trésor » de 1798 à 1800, les Anglais jusqu'en 1964. Dix ans plus tard, la République est proclamée : les 400 000 Maltais perpétuent leurs traditions hospitalières.

A La Valette, la présence britannique a laissé quelques souvenirs de sa gloire maritime passée. Comme ce magasin de bibelots fièrement baptisé Trafalgar. Pendant la deuxième guerre mondiale, Malte, sous domination anglaise, résista courageusement aux attaques des forces de l’Axe.

Midna peut s'enorgueillir de sa cathédrale dédiée à saint Paul. Conçue par l’architecte Lorenzo Gafa, elle a été construite entre 1697 et 1702 pour remplacer l’ancienne cathédrale de style normand anéantie par le tremblement de terre de 1693. Aujourd’hui siège de l’évêché, la ville, sans doute fondée par les Phéniciens, avait été la forteresse du pouvoir maltais jusqu’en 1568.

Sitôt franchie la porte de la citadelle de Midna, les visiteurs s’évanouissent dans un dédale de rues étroites et désertes. Siège de l'évêché de Malte, la cité respire au rythme des cloches de sa cathédrale baroque ; près du couvent des Bénédictines, les grandes familles de la noblesses maltaises vivent discrètement cloîtrées dans leur palais ; des fiacres qui promènent au prix fort les touristes surgissent à tout instant du labyrinthe des ruelles dans un tintamarre de grelots.

Les façades de Midna sont richement décorées de sculptures taillées dans une pierre calcaire piégeant la lumière et jouant avec ses découpes et ses volutes précieuses. Figures symboliques, armoiries, éléments religieux, guirlandes. L’aristocratie de la ville faisait appel aux meilleurs artistes de leur temps.

La rotonde Sainte-Marie surplombe l'église catholique de Mosta. C’est l'un des plus grands dômes du monde. Diamètre intérieur : plus de trente-sept mètres. L’église a été construite sur le modèle du Panthéon de Rome. Construite à partir de 1833, elle sera terminée dans les années 1860 et consacrée en 1871.

La citadelle fortifiée de Victoria située sur l’île de Gozo est juchée sur de hautes falaises. Gozo est le paradis vert de l'archipel. En fin de semaines, les Maltais s’y rendent en villégiature comme s'ils partaient à l'étranger, après vingt minutes de traversée.

Les ruelles de Victoria au pied du Gran Castello. Bâtie pour protéger l’île de Gozo des invasions, la ville fortifiée a été prise en 1551 par le Turc Sinan Pacha qui déporta en Libye les sept-mille insulaires. La ville qui s’appelait Rabat a été rebaptisée en 1897 pour célébrer les cinquante ans de règne de la reine Victoria.

Fête de Saint-Jean le Baptiste au coeur du village de Xewkija sur l'île de Gozo. Une « festa » dure souvent trois jours ou plus. L’église et le village sont décorés de lumières et de banderoles tandis que les statues de saints sont placés à l’extérieur de l’église. De juin à septembre, toutes les semaines, chaque ville et chaque village célèbrent sa « festa » dédiée à un saint. Fleurs, illuminations et processions. Spectacles délirants et hauts en couleurs.

On trouve à Gozo la trace des premiers habitants de Malte. C’était il y a plus de cinq millénaires. Ils ont laissé les temples de Ggantija considérés comme l’un des sites archéologiques les plus importants du monde. La taille des mégalithes est si imposante que les insulaires prétendent aujourd’hui encore qu’ils ont été construits par des géants.