Au cœur de la Birmanie des sortilèges.

Cérémonie de lavage des statues des Nats au festival de Yadanagu.

Au coeur de la Birmanie des sortilèges.

A raison d'une dizaine de pagodes ou de stupas chaque jour, il faut plusieurs années pour visiter ce pays d’une beauté troublante et tragique. Rudyard Kipling affirmait que le vent qui fait frémir les cloches des temples invitait le voyageur à revenir sans cesse.

Pagan possède un double visage. L'un est aérien, grandiose. Une plaine hérissée à perte de vue de monuments ocre, roses, blancs et d'éclats dorés. Quarante-et-un kilomètres carrés bordés par l'impassible Irrawady. L'autre est du domaine des ténèbres. Pénétrer dans un temple à l'heure où le soleil, à son zénith, grille les champs et surchauffe les briques est un plaisir des sens. Parcourir pieds nus les dalles froides posées par des génies, s'enfoncer dans l'obscurité et la fraîcheur des vestibules et des longs couloirs donne le sentiment que l'homme a réalisé ici ce qu'il y a de plus abouti pour s'éloigner du monde et méditer. Même cette odeur de moisissure, ce parfum particulier de décomposition de la terre et du stuc sont agréables et révèlent des lieux oubliés. Bouddha apparaît parfois le sourire éclairé par un rayon de lumière venant par réflexions successives d'une ouverture invisible. D’ailleurs, Bouddha est partout. Par milliers remontant les murs et les plafonds, en fines miniatures, monumental ou figé dans la brique, brisé par le temps et les pillards, préservé, éclatant. Depuis la nuit des temps, les hommes de Pagan furent des bâtisseurs : 13 000 édifices religieux, stupas, pagodes, temples élevés dans la plaine de l'lrrawadv en deux siècles. II en reste aujourd'hui un peu plus de deux mille. On peut imaginer l’émerveillement de Kubilai Khan, l’empereur mongol de la Chine, en entrant dans Pagan vaincue par une belle journée de 1287. « C'était comme aujourd'hui, en plus grand » dit le gardien du temple Ananda en tentant de recenser tous les monuments fantômes qui émergent de la brume matinale. Ananda qui est sans doute l'un des lieux les plus prestigieux de Pagan a été bâti d'après les plans de moines indiens sur le modèle des « temples-cavernes» des montagnes légendaires de l'Himalaya. Il repose sur un socle carré d'une soixantaine de mètres de côté et s'élève en cinq terrasses de plus en plus étroites jusqu'à une couronne surmontée d'un stupa .
« Le fleuve a englouti une partie de la ville, poursuit le gardien en resserrant son longjy d'une main et montrant de l'autre le large méandre d'un fleuve tranquille que la mousson n'a pas encore gonflé, et puis, il y a eu la guerre, les guerres ... et le tremblement de terre ». Nouveau silence troublé par le chuintement d'un char à bœuf qui disparaît derrière un temple. Le dernier séisme date du 8 Juillet 1975. Difficile d'en voir les traces comme les formidables fissures qui lézardent le temple de Mingoun près de Mandalay. Il faut du temps pour distinguer les formes parfaites des stupas qui transforment la plaine en plantation sacrée, répertorier dans leur silhouette la succession de terrasses, bases, dômes, belvédères, bourgeons et ombrelles qui les différencient et les datent. Ceux qui sont nés sur un reliquaire ou qui surmontent un tumulus, les copies cingalaises, l'inspiration des temples quand elle vient d'Inde du Sud ou du Nord. Escalader enfin les terrasses au lever du jour, s'installer au sommet d'un temple à la tombée de la nuit pour ne pas perdre une minute du vrai spectacle de Pagan : un site magnifié par les brumes et les rougeoiements avec, au loin, des barques miniatures posées sur un fleuve doré. Beaucoup de temples ont été restaurés, d'autres ont purement et simplement disparu. Ainsi le temple Ananda, longtemps emmailloté dans un cocon de bambou, est aujourd’hui resplendissant. Un échafaudage fait pour durer -les restaurations sont interminables - n'en signalait que la silhouette. Le stupa du Shwezigon qui scintille aujourd'hui de tous ses ors avait eu droit au même traitement. Construit par Anawratha (pendant son règne, Guillaume le Conquérant envahissait l'Angleterre), il a été achevé en 1091 par son petit-fils le roi Kyanzittha qui fit disparaître en même temps son architecte pour que cette œuvre reste unique. Nobody is perfect.
Ce temple est le plus grand reliquaire de Pagan. En son temps, le roi ne n ‘avait pas ménagé pas ses efforts pour récupérer ici une clavicule du Bouddha, là une copie de la dent de Kandy, en Chine une statue en émeraude. Il ajouta - pour faire plaisir à chacun – une collection de 37 nats en bois. Le paradoxe est singulier : on élève avec magnificence un temple dédié à la nouvelle foi bouddhiste theravada et l'on y installe les esprits des vieilles superstitions. Depuis, les nats peuplent les panthéons et se sont invités dans la plupart des temples bouddhistes. Même dans le très sacré Shwedagon de Rangoun qui contiendrait huit cheveux de Bouddha ou dans le monastère Shwenandaw de Mandalay, la dernière capitale des rois birmans. Ce dernier, une merveille en teck sculpté et ciselé qui faisait partie d’un ensemble très vaste de pavillons somptueux avait été démonté de l'enceinte royale – le roi Mindon y était mort - et remonté plus loin. Il a ainsi échappé au bombardement par les troupes de lord Mountbatten qui encerclaient l'armée japonaise en 1945. Les nats sont des esprits vénérés en Birmanie depuis l’antiquité. Officiellement, ils sont trente-sept, mais on note aussi d’autres divinités (les arbres, les eaux, le foyer etc.). Tous les grands nats sont des personnages qui ont existé et connu une mort violente et injuste. Ainsi, Thihathu, cinquième souverain du royaume d’Ava tué dans une embuscade organisée par les Shans devint un nat sous le nom d’Aung Pinle Hsinbyushin (Seigneur de l'éléphant blanc d'Aung Pinle).
Au cours des nat pwè, fêtes destinées à les apaiser, les nat kadaw (médiums des nats) qui sont souvent des travestis dansent et incarnent leur esprit durant des transes. Pendant la cérémonie, un orchestre, le saing waing, interprète des musiques assourdissantes. Le mont Popa, un volcan situé dans la région de Mandalay, est considéré comme le refuge des 37 grands nats. Les pèlerins s’y rendent pour les vénérer lors des pleines lunes de Nayon et de Nadaw. A Taungbyon, on célèbre à la fin du mois d’août les Frères d’Or, fils de Madame Popa, injustement assassinés alors qu’ils servaient dans l’armée du roi. La pratique des nats, comme le bouddhisme, s'accorde tant bien que mal d'un régime dominé par l'armée depuis l'indépendance obtenue des Anglais en 1947 par Aung San (le véritable héros, général à 31 ans, assassiné en pleine séance du Conseil). Sa fille Aung San Zuu Kyi, prix Nobel de la Paix, est députée depuis avril dernier après des années passées en prison ou en résidence surveillée. Car, pour faire venir les hommes d’affaires et transformer leur pays en piège à touristes, les militaires se cachent désormais derrière un rideau de civils à peine plus présentables. Et, ils ne manquent pas d’idées. Ainsi, ils ont déboisé en une immense forêt de tecks pour déplacer la capitale à Nayyidaw, modifié à nouveau le nom du pays (République de l’Union du Myanmar) et changé le drapeau national pour la troisième fois. « Quand ils ne font pas la guerre, écrivait Céline, les militaires sont des enfants. Un rien les amuse ».

A Rangoun, le Shwedagon est la pagode bouddhiste la plus sacrée de Birmanie avec les reliques de quatre bouddhas.

Située sur la colline de Singuttara à Rangoun, la Pagode Shwedagon est surtout dédiée au bouddhisme theravada, dominant en Birmanie.

Le plus grand rituel Nat se déroule à Taungbyon, à une vingtaine de kilomètres au nord de Wagung, au mois d'août, pendant six jours et six nuits au cours desquels apparaît la pleine lune.

L'Irrawady est grand comme un lac à Pagan. Au coucher du soleil, les hommes rentrent de la pêche.

Le Shinbyu est une cérémonie d'initiation dans la tradition du bouddhisme Theravada. Ici dans le temple du Bouddha Mahamun, les novices portent un costume royal.

Yangon U Win Hlaing, un célèbre nat-kadaw, medium des grands rituels Nat, se maquillant.

Vue sur l'Irrawady à partir de la terrasse d'un stupas de Pagan.

D'énormes fissures sont visibles sur la structure du temple de Mingoun à la suite du tremblement de terre du 23 Mars 1839.

Ces immenses temples en briques et en pierres de la plaine de Pagan ont défié le temps et les tremblements de terre.

Cette immense radeau de bambou posé au bord de l'Irrawady à Pagan sert à transporter toute sorte de marchandises sur le fleuve.

Lever de soleil à Pagan depuis la terrasse de la Pagode Gawdawpalin.

Rassemblés sur cet autel, les représentations des nats sont richement parées.

Deux Chinthes géants montent la garde devant l'escalier qui monte à la Colline de Mandalay.

Les nat-kadaws dansent et incarnent l'esprit du nat dans un état de transe. Ce sont des medium homosexuels et travestis qui remplissent ce rôle.

13 000 édifices religieux, stupas, pagodes, temples élevés dans la plaine de l'lrrawadv en deux siècles. II en reste aujourd'hui un peu plus de deux mille.

Parmi les codes des rituels Nat, on échange beaucoup d'offrandes…et d'argent.

Dans les rizières de la plaine de Pagan. Le riz est la base de l'alimentation birmane.

Les ministres qui président aux cérémonies des nats portent une tiare couverte d'or et de pierres précieuses.

Un nat-kadaw couvert de fleurs et de bijoux va entrer en scène pour les festivités de Toungkyon.

A Mandalay, le temple du Bouddha Mahamuni également appelé la Pagode Mahamuni. C'est un temple bouddhiste couvert d'or et un des lieux de pèlerinage les plus célèbres de Birmanie.

Pendant le rituel Nat de Taungbyon, célébration des Frères d'Or, fils de Madame Popa, injustement assassinés alors qu’ils servaient dans l’armée du roi.

Les statues de nats sont sorties une fois par an pour la cérémonie du lavage.

Richement parés, les prêtres, les princes et les gardes d'un rituel Nat à Taungbyon.

Le Monastère Shwenandaw ou Monastère du Palais d'Or est un ancien monastère situé près de la Colline de Mandalay. C'est le seul édificice rescapé du Palais Royal détruit par les bombardements alliés en 1945.

Procession des prêtres ornés d'une couronne d'or et de pierres précieuses à Taungbyon.

Présentation des offrandes aux prêtres pendant une procession en hommage aux nats. Les grands nats sont des personnages qui ont existé et connu une mort violente et injuste.

Un arbre a poussé au sommet de ce stupa qui borde un monastère bouddhiste de l'état Shan.

Les nats sont des esprits vénérés en Birmanie depuis l’antiquité. Officiellement, ils sont trente-sept, mais on note aussi d’autres divinités (les arbres, les eaux, le foyer etc.).

Une jeune fille dans un village de la région de Shwebo.

Jeune novice bouddhiste d'un monastère Shan. En Birmanie, ils débutent leur noviciat à l'issue du Shinbyu, cérémonie durant laquelle ils se défont de leur costume princier, imitant ainsi un épisode de la vie de Bouddha.

Autel des nats dressé pendant le festival de Ko Myo Shin, l'un des nats les plus importants du panthéon national.

Une femme Palaung. Comme toutes les femmes de son ethnie, elle porte un costume avec des cerceaux en perles qui rappellent la légende de Nagi, la Princesse Serpent.

Dans la région de Katha, on élève et dresse les éléphants pour les travaux forestiers.

Après avoir été frappé en très fines feuilles, l'or est découpé pour servir aux offrandes dans les temples.

Garçon endormi sur les marches de la pagode Kyauktawgyi.

Le pont en teck U Bein situé sur le lac Taungthaman à Amarapura a été construit en 1849 avec des colonnes en teck abandonnées lors du transfert de la capitale à Mandalay.

Gâteau traditionnel birman fait avec du riz gluant blanc et rouge.

La cuisine birmane est d'une richesse infinie, une myriade de sensations.

On ne cache plus le portrait d'Aung San Suu Kyi, femme politique de l'opposition birmane, présidente de la Ligue nationale pour la démocratie. Prix Nobel de la Paix en 1991.

L'Hôtel Strand de Rangoun lors de son inauguration en 1901. Une des adresses les plus célèbres d'Asie.

Le Lobby de l'Hôtel Strand de Rangoon. Un magnifique établissement de charme avec ses planchers en teck et en marbre, ses meubles en acajou, ses lits à baldaquin.

Salle à manger de l'Hôtel Strand. Rouvert en 1995 après plusieurs années de travaux, l'hôtel a gardé le style d'une époque.

J'y vais

Les Ateliers du Voyage (Groupe Kuoni) propose des voyages en petits groupes (6 à 12 personnes) à la découverte de l’authentique et de l’exceptionnel : Une grande fresque birmane, circuit de 16 jours; des capitales étincelantes témoignent de son glorieux passé gravé dans des millions de stupas rythmant son paysage. Entre ses collines et ses plaines se glisse l’un des plus beaux fleuves du monde, l’Irrawaddy. Un pays hors du temps qui ne peut qu’émouvoir par sa simplicité et une dévotion permanente. Tous les grands lieux de la Birmanie revisités. Voyage orienté vers l’histoire et le bouddhisme. A partir de 4150€.
Au gré des festivals, 17 jours. Le même circuit que la grande fresque birmane avec une extension d’une journée pour assister à un festival quand les dates du voyage coîncident avec l’une de ces fêtes (le festival des nats au pied du mont Popa; le festival du lac Inle, translation de village en village des 5 Bouddhas de la pagode Phaung Daw Oo ; le festival des Ballons Lu Ping qui doit repousser le mal, à l’image des ballons qui se noient dans le lointain). A partir de 4320€
Nord-Est inédit et festivals insolites de Nats, 18 jours; trois festivals pour accueillir les rituels ancestraux durant lesquels les esprits, appelés Nats, prennent forme humaine, ce périple est émaillé de leur extravagance, pourtant mêlée d’une intense ferveur. Celui des valeureux Frères d’Or à Taungbyon, non loin de Mandalay, est le plus important de tout le pays, insensé et délirant. A partir de 4550€.Les Ateliers du Voyage - 54/56 avenue Bosquet - 75007 Paris, tél. 01 40 62 16 88 www.ateliersduvoyage.com

Les quatre vérités

✔ Attention à la saison avant de partir : la mousson du sud-ouest débute entre la mi-mai et la mi-juin, s'accompagnant jusqu'à fin octobre de pluies fréquentes, surtout la nuit; de novembre à mai, la saison est sèche sous l'influence de la mousson de nord-est ; en février, la température grimpe et les mois de mars, avril et mai sont extrêmement chauds (jusqu'à 40°C à Rangoun, davantage encore à Mandalay et Pagan).
✔ Les dollars américains et les euros sont acceptés mais ils doivent être en parfait état (sans accroc ni rature, ni tache, ni pliure). L'unité monétaire birmane est le kyat (prononcer “ tchiate ”). Dans l’immédiat, les euros sont essentiellement échangeables à Rangoun (difficille de payer directement avec la monnaie européenne, à la différence du dollar largement admis dans les magasins
✔ L’électricité est en général du 220 volts ; plusieurs types de prises de courant mais les prises anglaises sont majoritaires.
✔ Le birman est la langue officielle mais il existe de nombreux dialectes. L'anglais est souvent prononcé à la birmane.

Visa

Passeport en cours de validité 6 mois après la date de leur retour ; visa obligatoire à obtenir auprès de l'Ambassade Ambassade du Myanmar : 60, rue de Courcelles, 75008 Paris. Tel : 01-42-25-56-95. Fax : 01-42-56-49-41. Ouvert du lundi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 16 h 30.

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