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![]() A l'entrée du célébrissime Café La Biela dans le quartier de Recoleta, on a assis à une table les statues d'Adolfo Bioy Casares (à droite) et de Jorge Luis Borges (à gauche). Né en 1914, d'origine béarnaise, Casares était un grand voyageur qui partageait sa vie entre la littérature, les livres et les femmes. Il entretenait une grande amitié avec Borges, l'un des plus grands écrivains argentins. Buenos Aires aux portes de la Pampa.
Ville de rupture et de dérives, la capitale de l’Argentine disperse des morceaux épars du Vieux Continent. Ni latino-américaine, ni européenne, ni yankee, elle collectionne tous les emprunts. Une cité d’Europe réinventée par l’Amérique Latine. On ne visite pas Buenos Aires, on l’explore.
En parlant d’eux, les Argentins disent : les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas…et nous, d’un bateau. Ainsi, la mélodie du tango fut composée jadis par un juif polonais sur l’entrepont d’un cargo-mixte. La mesure est à trois temps, les paroles relatent toutes sortes d’impasses sentimentales. Le violon est italien, le bandonéon vient de Hambourg et le chanteur est né à Toulouse. Quand Carlos Gardel (né Charles Romuald Gardès), un émigré toulousain, vint la faire connaître en France dans les années vingt, cette danse traînait une funeste réputation liée à la prostitution. Une danse sulfureuse et malsaine, disait-on. Il est vrai que le tango était devenu la bacchanale des lupanars de l’ancien quartier dissipé de La Boca. En 1882, une rébellion proclama même la sécession de ce quartier italien vis-à-vis de l’état argentin, et hissa le drapeau génois. Faubourg haut en couleur, enchevêtrement invraisemblable et coloré de petites maisons en bois et en tôle ondulée. Ripoliné à souhait – trop sans doute – il est devenu le haut lieu du tourisme qu’il faut fuir aux heures de grande fréquentation. A Paris, le tango fut donc relégué à Montmartre jusqu’à ce que René Lafon ne l’impose au premier étage de La Coupole.
Aujourd‘hui, de nombreux restaurants de Buenos Aires se transforment en piste de danse à la fin de la semaine. Infatigables, les couples roulent et tanguent comme des bateaux ivres toute la nuit. Foot et tango : une double défoulement. L’un libère les violences rentrées, l’autre un éternel vague à l’âme, un sentiment triste qui danse. Tous deux tissent de mystérieux accords. La capitale de l’Argentine dont le nom évoque la sainte des Bons Vents s’étend à l’infini sur un immense damier à l’espagnol. Dix-huit millions d’habitants dont trois millions dans la cité intra-muros, soit près de la moitié de la population du pays. La Babylone du continent latino-américain est aux portes d’une pampa infinie. Là, il y a de tout. Des minéraux à profusion, du pétrole. Des bœufs et encore des bœufs et aussi quelques moutons pour varier le menu du monde entier. C’est le désert le plus riche du monde. Quatre mille kilomètres entre les canicules tropicales de la province de Misiones jusqu’aux solitudes glacées de la Terre de Feu. Dominée par un immense obélisque, l’avenida 9 de Julio – trois cents mètres de large – coupe la capitale en deux et va jusqu’au port sur le grand estuaire du Rio de la Plata. Toutes les rues de la ville se croisent à angle droit comme celles de Manhattan. Les noms des quarante-huit quartiers – San Telmo, Palermo, Montserrat, La Boca, Recoleta - évoquent l’histoire souvent oubliée de la cité. Promenade initiatique au cimetière de la Recoleta en plein cœur du quartier chic de la ville. Un grand show post-mortem où s’alignent des tombeaux-panthéon. Les caveaux sont des monuments où fleurissent tous les styles de l’art religieux. Des familles ont construit ici ce que les nations érigent à la gloire de leurs grands hommes : mini-cathédrales, coupoles dont les formes s’envolent ; obélisques pointés vers Dieu. La tombe la plus visitée – et aussi la plus fleurie - est celle d’Eva, l’épouse de l’ancien président Juan Domingo Perón. Après un errance digne d’un roman policier, le corps d’Evita, morte en 1952 à trente trois ans, a été enterré dans le caveau de la famille Duarte en 1976. Les Porteños (« Ceux du port », Portègnes en français) s’expriment toujours dans la rue. Que ce soient les mères qui ne cessent de réclamer le retour des disparus sur la Place de Mai, les graffiti politiques qui inondent les murs, ou ceux qui clament leur amour pour Juan Perón. Mais, les cafés sont les lieux de prédilection. On y passe de longues heures à triturer son âme et à ordonner les parenthèses. Le Tortoni – l’un des plus célèbres - accumule tous les clichés des beaux-arts flamboyants : des portes jumelles, des vitraux, des colonnes ocres, des sièges de cuir rouge, des tables basses en faux marbre, des ventilateurs, des tableaux, des bustes et des plaques de bronze. Les vieilles dames et les serveurs sont tels qu’on les imagine. C’est le Florian revisité par le Café de la Paix et le Sacher de Vienne. Le café La Biela, la bielle, était, comme son nom l’indique, fréquenté par des champions du sport automobile comme Juan Pedro Fangio, cinq fois champion de Formule 1. Pour être sûr qu’on ne s’est pas trompé d’adresse, l’intérieur est tapissé de photos en noir et blanc de coureurs célèbres et de pièces de voitures : grilles de radiateurs, phares, pare-chocs. On a aussi installé à une table les statues hyperréalistes de Jorge Luis Borges et d’Adolfo Bioy Casares, les deux gloires littéraires de l’Argentine. Un autre écrivain a vécu non loin de là dans un appartement situé au sixième étage de la Galerie Güemes, vaste pâtisserie Art Nouveau qui donne dans la rue Florida. Entre 1929 et 1931, Antoine de Saint-Exupéry assumait à Buenos Aires les fonctions de directeur d’exploitation de la Compagnie Générale Aeroposta Argentina. Dans cet appartement, il a écrit « Vol de nuit » et rencontré son épouse Consuelo Cunsin. Dans une lettre écrite plus tard à sa mère, l’auteur du Petit prince cherche à se « consoler du Sahara et de Buenos Aires qui est un autre désert ». ![]() Vue de Buenos Aires depuis les rives du Rio Parana. Né au Brésil, ce fleuve qui est l'un plus longs d'Amérique, vient se jeter ici dans l'Atlantique. ![]() Statue de Manuel Belgrano par Albert-Ernest Carrier-Belleuse face à la Casa Rosada, siège de la présidence de la République. Avocat, homme politique et général, Manuel Belgrano fut l'un des principaux chefs militaires de la guerre d'Indépendance et le créateur du drapeau de l'Argentine. ![]() La tombe la plus visitée du cimetière de Recolata – et aussi la plus fleurie - est celle d’Eva, l’épouse de l’ancien président Juan Domingo Perón, morte en 1952 à trente trois ans. ![]() Vierge Marie vêtue d’une cape noire décorée de fils d’or dans une chapelle de la basilique Nuestra Señora del Pilar située dans le quartier de Recoleta. Achevée en 1732, elle est l'une des plus anciennes églises de la ville et demeure un exemple de l'architecture coloniale. ![]() L’Obélisque de Buenos Aires - soixante-sept mètres de hauteur - domine la Plaza de la República, à l’intersection des avenues Corrientes et de 9 de julio. Il a été inauguré le 23 mai 1936, pour commémorer les quatre cents ans de la première fondation de la ville. ![]() Le centre Culturel Recoleta était à l'origine un ensemble de bâtiments appartenant à l'ordre de moines Recollets. Aujourd'hui, on y expose des peintures, installations visuelles, sculptures, et arts plastiques. ![]() Statues de Juan Pedro Fangio devant le Café La Biela. Ce café était fréquenté par des champions du sport automobile. L’intérieur est tapissé de photos en noir et blanc de coureurs célèbres et de pièces de voitures. ![]() Installée en 2002 aux abords de la Plaza de las Naciones Unidas, la Floralis Genérica est une sculpture mobile en acier et en aluminium. Chaque soir au coucher du Soleil, elle ferme ses pétales pour les rouvrir aux premières lueurs du jour. Pour l'artiste Eduardo Catalano qui l'a offerte à la ville, c'est la « synthèse de toutes les fleurs et à la fois un espoir qui renaît chaque jour en s'épanouissant ». ![]() Les colonnes de la Cathédrale métropolitaine. Son style néoclassique inspiré par le Palais Bourbon de Paris lui fait ressembler davantage à un temple grec qu'à une église catholique. ![]() Sous les halles Belle Époque du marché de San Telmo, restaurants, fruits et légumes et bouchers se mêlent aux antiquaires. Centre névralgique du quartier, il a été ouvert en 1897 pour approvisionner les familles d’ouvriers qui peuplaient le quartier. ![]() Monument dédié à Don José de San Martín (1778-1850) dans le quartier de La Boca. Héros des indépendances sud-américaines, il a été tour à tour capitaine général de l'armée chilienne, commandant en chef de l'armée libératrice du Pérou et du Chili, général en chef de l'armée des Andes. ![]() Le Tortoni accumule tous les clichés des beaux-arts flamboyants : des portes jumelles, des vitraux, des colonnes ocres, des sièges de cuir rouge, des tables basses en faux marbre, des ventilateurs, des tableaux, des bustes et des plaques de bronze. ![]() Cérémonie du drapeau sur la Plaza de Mayo dans le quartier de Monserrat. Tous les soirs, avant la tombée de la nuit, une compagnie de Grenadiers amène les couleurs : deux bandes bleu ciel séparées par une bande blanche, au centre un soleil doré - le sol de Mayo- rappelant le dieu Inca Inti. ![]() Statue du Pape François devant un magasin de souvenirs de La Boca. D'origine argentine, le Saint Père est une fierté nationale...à condition de ne pas y toucher. ![]() Célèbre pour ses passages, brocantes, marchés et galeries d'art, le quartier San Telmo accueille aussi de nombreux antiquaires spécialisés dans la Belle Epoque. ![]() Oeuvre de l’artiste argentin Alejandro Marmo, cette gigantesque sculpture représentant le profil de María Eva Duarte de Perón - trente-et-un mètres sur vingt-quatre - a été fixée au sommet du ministère de la Santé. ![]() Le Palacio Barolo, un édifice de 22 étages construit de 1919 à 1923 par l’architecte italien Mario Palenti sur l'Avenida de Mayo. Avec ses cent mètres de hauteur, c'était l'immeuble le plus haut d'Amérique du Sud jusqu'en 1935. Il fut déclaré Monument Historique National en 1997. ![]() Statue polychrome de Leonel Edmundo Rivero (1911-1986), chanteur de tango argentin, compositeur et impresario devant une fresque peinte sur un mur de San Telmo. Saint Pedro González Telmo est le quartier le plus ancien de Buenos Aires. ![]() Le café Tortoni, situé au 825 de l'Avenida de Mayo. Les cafés sont les lieux de prédilection. On y passe de longues heures à triturer son âme et à ordonner les parenthèses. ![]() Coupole de la Galería Güemes, une galerie commerciale située dans la rue Florida et conçue dans le style art nouveau par l'architecte italien Francisco Gianotti en 1913. ![]() Sur un mur de la Galería Güemes, une plaque en cuivre rappelle que Saint-Exupéry a vécu dans cet immeuble et qu'il a écrit ici "Vol de nuit". ![]() La salle de bain de Saint-Exupéry aurait quelque temps servi de refuge à un bébé phoque recueilli par l’aviateur lors de l’un de ses voyages dans le sud du pays. ![]() Dans l'appartement de Saint-Exupéry, de nombreux panneaux présentés par l’historienne Clara Rivero racontent l’histoire de l’Aéroposta Argentina ainsi qu'une maquette de l'avion de l'écrivain et des pages de "Vol de nuit". ![]() Le Bar Napoles dans le quartier de San Telmo. Décor surréaliste, entre hall de garage, friperie, musée ou brocante. On y sert une bonne cuisine d'inspiration italienne. Le patron, un multicollectionneur, a installé ses tables au milieu de ce prodigieux bric-à-brac. ![]() Fresque en relief fixée sur un mur de La Boca. Oeuvre de Humberto E. Cerantonio, elle comprend trois parties : El Maestro (Le Maître), El Coro (Le Chant), El trabajo (le Travail). ![]() De nombreux restaurants de Buenos Aires se transforment en piste de danse à la fin de la semaine. Infatigables, les couples roulent et tanguent comme des bateaux ivres toute la nuit. ![]() Oeuvre de l’artiste cordouan Carlos Benavidez, cette immense sculpture de Juan Domingo Perón, trois fois président de l'Argentine, a été érigée le long du Paseo Colón sur la plaza General Agustín Pedro Justo. Le monument a été inauguré en 2015. ![]() Très colorés, les graffiti inondent les murs. Ainsi, les façades se transforment souvent en terrain d’expression politique et de revendications. ![]() Les grandes fresques - ici à La Boca - sont de véritables œuvres réalisées par des artistes de talent, qui ont fait de Buenos Aires l’un des principaux berceaux du Street Art. ![]() Le foulard blanc des Mères peint sur le sol de la Plaza de Mayo. Chaque jeudi après-midi depuis plus de trente ans, des femmes se retrouvent sur cette place et marchent ensemble dans le sens inverse des aiguilles d’une montre comme s'il s'agissait de remonter le temps. Ce sont les mères et grands-mères des enfants disparus, c'est-à-dire enlevés et assassinés par la dictature militaire. ![]() En 1882, une rébellion proclama la sécession du quartier italien de La Boca vis-à-vis de l’état argentin. Le drapeau génois fût même hissé. ![]() Sur un balcon de La Boca, des statues d'Eva Perón et de Carlos Gardel saluent les visiteurs. ![]() Mêmes les murs blancs des immeubles d'habitation sont rapidement recouverts de grandes fresques. ![]() Rendez vous de la jeunesse, Palermo Soho est le faubourg branché de Buenos Aires. Partout, des bars et des restaurants sont ouverts jour et nuit dans ce quartier en plein mouvement. ![]() La salle de bal du Palacio Errázuriz devenu Musée National des Arts Décoratifs en 1937 associe le luxe solennel du baroque à la grâce subtile du rococo. Les couleurs pâles, l'utilisation de la lumière et de ses reflets, l'abondance des dorures et des panneaux-miroirs donnent une impression d'espace infini. ![]() Cette luxueuse salle à manger du Palacio Errázuriz a été inspirée par la salle Hercule du palais de Versailles. L'ambiance baroque est soulignée par la combinaison des marbres de Carrare et du Massif central français. ![]() Chambre à coucher de Matías Errázuriz. Les meubles qui datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle, sont portugais et remontent au règne du roi Don José I. Ils sont l'expression lusitanienne du rococo français et ont été complétés par des boiseries Louis XV en chêne poli. |
Pour y aller
✔ Depuis Paris, Air France est la seule compagnie à proposer des vols directs pour Buenos Aires, www.airfrance.fr .
✔ VOYAGEURS DU MONDE - Tél : 01 8417 1949 et www.voyageursdumonde.fr A Buenos Aires, Voyageurs du Monde propose une diversité de découvertes sur mesure. Il assure un suivi personnalisé avec un service de conciergerie permettant de modifier son séjour sur place et de l'adapter à tout instant. A partir de 3200 € par personne pour une échappée de 5 jours incluant les vols, les transferts privés, 4 nuits à l’Hôtel Anselmo (à proximité de la Plaza Dorrego, du San Telmo Mercado et du musée d’Art Moderne) ainsi qu’une visite originale de Buenos Aires. Comme tous les voyages de cet opérateur, celui-ci est déclinable selon l’envie, en termes de durée, d’étapes ou de budget. Par exemple, la croisière d’expédition en Terre de Feu à bord du Ventus Australis ou le combiné « Cet été en Argentine, Buenos Aires, Noroeste et chutes d’Iguazu », des vignobles et des chutes spectaculaires, pour vivre l’Argentine en liberté à l’heure de l’hiver austral. Dans le Noroeste, voiture de location avec GPS. 15 jours à partir de 5200 €. ![]() Cour intérieure de l'Hôtel Anselmo dans le quartier de San Telmo Ne pas manquer
✔ de boire le yerba maté, une infusion aux vertus cardiotoniques et stimulantes. Les Argentins disent que le maté réveille, supprime la sensation de faim et chasse les migraines. De goûter la parrillada, un assortiment de viandes cuites à la braise ou les empanadas (chausson farci à base de pommes de terre, d’oignons, de viande et d’épices).
✔ d’assister à un dîner-spectacle de tango et de passer une soirée dans une milonga, lieu où l'on danse le tango argentin pour se perfectionner et improviser. Il y en a en a presque tous les jours mais particulièrement le vendredi et le samedi. ✔ de monter au sommet du Palacio Barolo, le premier gratte-ciel d’Amérique du Sud construit en 1919 par l’architecte italien Mario Palenti. Sur la plus haute terrasse, la vue sur la ville est immense. ✔ de visiter le Museo Nacional de Arte Decorativo, il s’agit des collections – tableaux, mobiliers, œuvres d’art – rassemblées par un diplomate argentin richissime qui a sillonné toute l’Europe à la fin du XIXe siècle et les a rassemblées dans cet énorme palais qui témoigne de l’opulence de cette époque. ![]() |