![]() |
![]() |
![]() Après de longues marches, des milliers de pèlerins venus des villages perdus d'Abyssinie envahissent ce lieu saint du christianisme préchalcédonien. Immersion dans l'Ethiopie chrétienne
Depuis la nuit des temps, la Corne de l’Afrique pousse ses racines vers la Terre Sainte. Caprice géographique ou facétie de l’histoire. Sur les plateaux d’Abyssinie, on célèbre avec faste la foi des premiers chrétiens.
Il paraît que la reine de Saba vivait ici. A quelques mètres de la route qui passe aujourd’hui au sud d’Axoum. Les restes de l’édifice ont été remis debout par une mission archéologique française. On l’a baptisé palais de Dongour. Après une averse brutale, les pierres se sont mises à briller intensément, les enfants à courir dans le labyrinthe des cours et des salles sans toit. Peu importe si ce site est bien postérieur au siècle de la souveraine, le guide - ou le gardien, il a une clef à la main - est intarissable. Pour lui, point de doute. Avec ses mots, il fait revivre les pierres muettes et le temps fastueux de l’énigmatique compagne du roi Salomon. L’imagination s’envole. Ce pays est empreint d’une poésie désarmante : il détient l’Arche d’Alliance (la vraie) et se recueille sur le tombeau d’Adam (le vrai). Bordée par de jolies collines, Axoum s'étend au nord de la province du Tigray tout près de la frontière de l'Erythrée. Cette bourgade de pierre et de terre piquetée d'obélisques géants a vu naître une dynastie millénaire dont le dernier empereur fut Haïle Sélassié, petit homme au regard vif, assassiné en 1975 par le tyran marxiste Mengistu. Le sol regorge de tombeaux royaux. Par grande chaleur, on trouve une fraîcheur divine dans leurs couloirs de pierres aussi finement ajustées que savaient le faire les anciens Incas. Bordée par de jolies collines, Axoum s’étend au nord de la province du Tigray tout près de la frontière de l’Erythrée. Cette bourgade de pierre et de terre piquetée d’obélisques géants a vu naître une dynastie millénaire dont le dernier empereur fut Haïle Sélassié, petit homme au regard vif, assassiné en 1975 par le tyran marxiste Mengistu. Le sol regorge de tombeaux royaux. Par grande chaleur, on trouve une fraîcheur divine dans leurs couloirs de pierres aussi finement ajustées que savaient le faire les anciens Incas. En avril, célébration des Rameaux, une des innombrables fêtes qui ponctuent la vie des Ethiopiens. Après de longues marches, des milliers de pèlerins venus des villages perdus d’Abyssinie - silhouettes furtives drapées de blanc - envahissent ce lieu saint du christianisme préchalcédonien. Une procession traverse la ville - mulet harnaché d’or, cortège de prêtres drapés d’étoffes précieuses, ombrelles multicolores, croix ciselées, musique et palmes - pour rejoindre un arbre millénaire où s’agrippent des grappes de pèlerins. Une escouade de prêtres attend. Chacun porte sur la tête un tabot enveloppé de mystère. Le tabot (on prononce tabote) est une planchette gravée sur laquelle on célèbre la messe. Comme aucun laïc n’a le droit de le voir, il est caché dans un brocart. Une nouvelle averse - peut-être un signe du Ciel - éparpille la nuée des toges blanches tandis que les ombrelles, , croix et « tabot » s'engouffrent dans le vestibule de Sainte Marie de Sion avec le cliquetis des précipitations. Au petit matin, tandis que les cendres des bivouacs scintillement doucement dans la lumière blafarde et que s'évapore la délicate fragrance d'encens et de myrrhe, les oraisons de la Semaine Sainte venues de nefs sacrées continuent à se répandre sur une foule qui va prier encore trois jours. Une nouvelle averse - peut-être un signe du Ciel - éparpille la nuée des toges blanches tandis que les ombrelles, croix et « tabot » s’engouffrent dans le vestibule de Sainte Marie de Sion avec le cliquetis des précipitations. Au petit matin, tandis que les cendres des bivouacs scintillement doucement dans la lumière blafarde et que s’évapore la délicate fragrance d’encens et de myrrhe, les oraisons de la Semaine Sainte venues de nefs sacrées continuent à se répandre sur une foule qui va prier encore trois jours. Escale sur les rives du Lac Tana à deux heures de vol d'Axoum. Ici, le Nil bleu prend sa source. A quelques kilomètres au sud, il s’élance dans le vacarme aérien des chutes de Tissisat (« l’eau qui fume »). Ptolémée avait baptisé cette petite mer intérieure « Choloe palus » (marécage creux) ; les rois salomonides en avaient fait le centre politique de l’Ethiopie. Berges et îlots du lac abritent églises et monastères figés par le temps. Sur l’île de Dek, Narga Sélassié est un admirable édifice circulaire dédiée à la Trinité. De véritables bandes dessinées qui reprennent le style si particulier des peintures sacrées éthiopiennes illustrent les textes anciens et les légendes exotiques : le passage de la Mer Rouge, une Vierge à l’enfant, l’archange Gabriel terrassant un énorme poisson, la Trinité, Moïse. Couleurs vives et symbolisme puissant se retrouvent encore dans l’ église d’Uhra Kidane Mehret discrètement noyée dans les plantations de café de la péninsule de Zeghè. Plus modestes, les monastères du Tigray sont taillés dans la roche de falaises vertigineuses ou creusés dans les collines plantées d’euphorbes-candélabres et d’aloès. On dit que Lalibella, un roi zagoué du XIIe siècle, décida de bâtir dans les montagnes d’Ethiopie une nouvelle Jérusalem pour remplacer la ville sainte prise aux Croisés par Saladin. La cité construite « avec l’aide des anges » allait prendre le nom de son fondateur, qui signifie en langue agaw « les abeilles reconnaissent sa souveraineté », formule hermétique issue du discours oniriques des anciens temps. De part et d’autre d’un canal baptisé Yordanos (le Jourdain), une dizaine d’églises et de sanctuaires monolithiques ont été façonnés dans le rocher, excavés comme les tombes de l’ancienne cité nabatéenne de Petra. Un travail titanesque, une maîtrise absolue de l’architecture sculptée. Située sur une terrasse de grès rose, Bieta Ghiorghis (la Maison de Saint-Georges) est la plus célèbre. En forme de croix grecque affleurant du sol, elle s’enfonce de douze mètres sur trois étages. Aujourd’hui, le crépuscule ne s’est pas encore dissipé. Dans la pénombre du Maqda, prêtres et diacres psalmodient en langue guèze des prières venues de la nuit des temps. ![]() La croix éthiopienne - ici dans l'église Gannata Maryam - constitue le motif central des décors de l'art éthiopien dans les peintures murales. ![]() Tombeau du roi Khaled à Axoum. Ses couloirs de pierres sont aussi finement ajustées que savaient le faire les anciens Incas. ![]() Les oraisons de la Semaine Sainte venues de nefs sacrées continuent à se répandre sur une foule qui va prier encore trois jours. ![]() L'injera est une grande crêpe caractéristique de la cuisine éthiopienne. Sa fabrication nécessite d'utiliser une farine faite à base d'une céréale locale, le teff. ![]() A Axoum, procession de parasols multicolores et richement ornés sous une chaleur étouffante. ![]() L'Eglise d'Ethiopie affirme avoir été fondée par Philippe au Ier siècle. Elle est devenue la religion officielle du royaume d'Axoum au IVe siècle. ![]() Un prêtre présentant sa croix dans l'église de Bieta Maryam. ![]() Les prêtres ethiopiens entreprennent la grande procession des Rameaux à Axoum. ![]() L'Eglise éthiopienne orthodoxe s'est isolée du christianisme entre les VIIe et XIVe siècles. Elle a développé une spiritualité, une théologie et une lithurgie marquées par l'Ancien Testament. ![]() L'Eglise d'Ethiopie affirme avoir été fondée par Philippe au Ier siècle. Elle est devenue la religion officielle du royaume d'Axoum au IVe siècle. ![]() Jeune filles Nuers rentrant des champs en portant des paniers de sorgho dans la région de de l'Ilubador. ![]() Champs de teff dans la province du Shoa. ![]() Vue du Mont Entoto, un sommet éthiopien situé au nord-est d'Addis-Abeba. ![]() Vue du Mont Entoto, un sommet éthiopien situé au nord-est d'Addis-Abeba. ![]() Le jour de Pâques, les pèlerins se pressent dans les jardins de l'église Notre Dame de Sion. Construite en 1950 par l'empereur Haïle Sélassié, elle prétend abriter l'Arche d'Alliance. ![]() De véritables bandes dessinées reprennent le style si particulier des peintures sacrées éthiopiennes pour illustrer les textes anciens et les légendes exotiques. ![]() Piroguier Anouak sur le Lac Tata au lever du soleil. ![]() Une femme moine fait sécher des grains de maïs dans la cour de l'église Beta Denaghel - église des Vierges Martyres - à Lalibela. ![]() Jeune femme Anouak pilant du teff dans le village de Batur près du lac Tata. ![]() Paysage du Shoa. Cette région était un royaume musulman qui fut détruit au XVIe siècle. ![]() Le village de Goulisoo dans le pays des Oromos. ![]() Paysage champêtre de la province du Shoa. ![]() Marché des épices dans la province de Kaffa. ![]() Cérémonies du café dans un bunabet. Le café joue un rôle essentiel dans la vie sociale et culturelle. On doit suivre les étapes ritualistes: le café est rôti, rectifié, et bouilli dans un pot d'argile au-dessus du charbon de bois. ![]() Ici, le Nil bleu prend sa source. A quelques kilomètres au sud, il s'élance dans le vacarme aérien des chutes de Tissisat, « l'eau qui fume ». ![]() Sur l'île de Dek, Narga Sélassié est un admirable édifice circulaire dédiée à la Trinité. < ![]() Couleurs vives et symbolisme puissant se retrouvent dans l'église d'Uhra Kidane Mehret discrètement noyée dans les plantations de café de la péninsule de Zeghè. ![]() Ces villages Oromos aux cases circulaires disparaissent dans les paysages de vallée de Lasta. |
J'y vais
Les Epopées du monde, l’un des plus anciens spécialistes de l’Ethiopie, propose plusieurs circuits originaux. Itinéraires élaborés et éprouvés, régulièrement mis à jour. Petits groupes (2 à 8 personnes),
guide local francophone. En janvier prochain :
« Timkat à Abraha we Atsbeha et le bouclier abyssin » Le pèlerinage et les fêtes chrétiennes sont indissociables de la culture éthiopienne. Ce voyage propose d’assister à la plus intéressante d’entre elles, Timkat - célébration à la fois du baptême de Jésus dans le Jourdain et de l’Epiphanie - non à Lalibela ou à Gondar où les touristes sont plus nombreux que les pèlerins, mais à Abraha we Atsbeha, un village intact du Tigray.
EPOPÉES DU MONDE 1 bis, rue Quentin Bauchart 75008 Paris ✆ : 01 47 20 81 15/06 32 82 91 99 mgosselin@epopeesdumonde.com www.epopeesdumonde.com Les quatre vérités
✓ Quelques bons établissements dans les grandes villes. Plus souvent des hôtels simples, voire précaires. Ailleurs, le bivouac peut être nécessaire.
✓ Généralement climat chaud et humide, pouvant devenir frais et agréable en fonction de l’altitude (entre 500 et 2 500 m). Températures élevées sur le plateau Abyssin d’octobre à mai. Reprenant le calendrier des Coptes, l’office du tourisme annonce treize mois de soleil ! ✓ En général, le port d’un short est vivement déconseillé. La politesse recommande de prendre, de recevoir, de saluer avec la main droite, la gauche étant impure. Dans les églises, il est obligatoire de se déchausser. Toutefois garder ses chaussettes est toléré. De même, il est d'usage de laisser une obole pour le lieu de culte. ✓ La cuisine est plutôt rustique. Grande spécialité : l’injera galette spongieuse à base de tef fermenté, servie accompagnée de sauce pimentée, de beurre fondu, de poisson, de viande et de légumes. Pour amateur averti. Le café est une véritable cérémonie. Les grains sont torréfiés au dessus d’un brasier qui distille de l’encens, finement broyés, puis infusés à trois reprises, sucrés et parfumés avec des clous de girofle. Visa
Ambassade d'Éthiopie : 35 avenue Charles Floquet 75007 Paris Tél : 01 47 83 83 95.
Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 13h00 et de 15h30 à 18h00. ![]() |