![]() |
![]() |
![]() Les jours de congé, les Iraniens d'Ispahan aiment à se promener en calèches pour faire le tour de la place Naghsh-e Jahan presque aussi vaste que la place de la Concorde à Paris. Des citadelles du désert aux cités persanes.
Derrière l'Iran des turbans pointe la Perse des légendes. Dômes d'or et roses d'Ispahan. Entre grandeur et délicatesse. La Révolution islamique ? Une péripétie de plus pour ce pays de cinq mille
ans d'âge, grand comme la moitié de l'Europe.
En Iran, les montagnes culminent à plus de 5 000 mètres, encerclant un plateau central et un désert salé. Une terre dont le nord se trouve à la latitude de Madrid et le sud à la lisière du tropique du Cancer.
En quittant Shiraz, on découvre la route du désert. Elle se déroule vers le Pakistan, à l'est. Un paysage jaunâtre et sablonneux avec des accents ocre. Les deux grands déserts du Kavir et de Lout - du sable,
du sel et de la rocaille - s’étalent à l’infini ponctuées de rares oasis. On observe ici les kaluts, un défilé de crêtes et de couloirs creusés dans la roche par le vent. Un labyrinthe immense et spectaculaire de
monuments abstraits.
Dans cet univers désolé, les hommes ont bâti plusieurs centaines de forteresses dont le mimétisme est troublant. Beaucoup d’entre-elles, vaincues par les éléments, s’effondrent doucement. D’autres résistent. Ainsi la forteresse de Rayen entièrement construite en pierres séchées est située au sommet d’une colline dans la province de Kerman. C’était la citadelle des anciens dignitaires de Bam. Un plan carré, des tours crénelées et de hautes murailles qui abritaient autrefois le palais du gouverneur. Ou encore le fort de Sar Yazd récemment inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Un dédale de terre crue bien restauré. Avant le drame, la citadelle d’Arg-é-Bam se dressait derrière un petit village aux maisons de torchis, entourés de dattiers, d’orangers, et de citronniers. Un squelette pathétique et imposant. Bâtie sur une colline par la dynastie Safavide en briques de terre et de paille que le temps a jauni, elle fut occupée jusqu’en 1920 par une petite garnison. Ses remparts qui rappellent ceux de Carcassonne servirent de décor pour le film « Le Désert des Tartares » de Valerio Zurlini (1976). Le 6 décembre 2003, un séisme d’une ampleur jamais vue anéantit la citadelle et le village. Plusieurs dizaines de milliers de morts. Depuis, la citadelle a été quasiment restaurée – ou plutôt reconstruite – à l’identique. Les grands ennemis des monuments iraniens sont les tremblements de terre qui n'épargnent aucune région du pays. Mais les hommes ont largement mis en péril leur patrimoine. Pendant des siècles, les Persans qui étaient un peuple de nomades avaient l’habitude de détruire les maisons de leurs parents et de leurs ancêtres pour construire de nouvelles demeures ailleurs. Ils ont ainsi anéanti les cités de jadis. A cela, Arabes, Turcs, et Mongols plus particulièrement, ont apporté leur contribution en rasant des villes entières. Retour à Chiraz. Sur la route, le trafic est intense. Camions, voitures, autocars se dépassent, se croisent, s'arrêtent aux maisons de thé pour routiers. On longe des villages simples, quelques bourgs dont les populations vivent d'agriculture malgré la terre aride. Dans cet univers desséché, le mausolée de Cyrus, fondateur de l’empire perse, a été érigé il y a plus de deux millénaires à Pasargades, l’ancienne capitale du souverain achéménide. Un édifice en calcaire dressé au sommet d’un podium à six degrés. Plus loin, à Naqsh-e Rostam, se trouvent à flanc de falaise les tombes cruciformes des rois achéménides, dont Darius le Grand. Nous sommes à une lieue de Persépolis, la ville polychrome des Perses, le plus important et le mieux restauré des sites de la Perse antique. Ici, Artaxerxès II trônait dans la salle des Cent Colonnes parmi ses courtisans à robe pourpre, parés de bijoux d'or. Mais la torche d'Alexandre le Grand effaça ce qui fut le plus beau palais du temps. On dit que le roi de Macédoine brûla la grande ville par jalousie. Ou peut-être sous l’emprise de l’alcool. Chiraz s'étire au soleil dans une cuvette bordée de montagnes. Ville universitaire et commerçante, elle est réputée pour ses poètes et ses jardins. Il est vrai que, dans la pensée persane, le jardin représente le paradis sur terre. Elle s’enorgueillit aussi d’abriter le tombeau du shah Cheragh, frère du huitième imam des chiites. A la surface de la coupole, des milliers de petits miroirs rayonnent sur la sépulture du saint. Pourtant, de toutes les mosquées couvertes de porcelaine – et elles sont nombreuses - André Malraux préférait celle de Vakil où il s'adonnait à la contemplation des torsades représentant des oiseaux et des feuilles d’acanthe entrelacés. « Qui peut prétendre avoir vu la plus belle des villes du monde sans avoir visité Ispahan ? » pensait encore Malraux. Constellée de minarets et de dômes, la ville attira ce que l’Iran comptait d’artistes les plus brillants - architectes, peintres et calligraphes - rayonnant jusqu’en Europe, en Inde et en Chine. Pierre Loti qui s’émerveillait facilement avait remarqué « les tons bleus, si puissants et si rares que l’on songe à des pierres fines, à des palais en saphir, à d’irréalisables splendeurs de féerie ». Le cœur de la ville palpite autour de la place Naghsh-e Jahan (Portrait du Monde) bâtie au début du XVIIe siècle. Presque aussi vaste que la place de la Concorde. Derrière les hautes murailles, un enchevêtrement de placettes et de ruelles surmontées par des dômes de briques, des boutiques, des échoppes et des ateliers. Zayandeh Rud, la rivière vivante, était la nourrice d'Ispahan, l'oasis perdue dont Shah Abbas fit la « Moitié du monde ». Elle vaporisait le parfum très persan de la douceur de vivre. Dans les années deux mille, les autorités ont détourné ses eaux pour arroser la région désertique de Yazd. Sur les ponts à double étage – onze au total - de la rivière morte, les orphelins des flots viennent toujours, le soir venu, déguster une glace et rêver. ![]() Salle de prière du Shabestan dans la mosquée Vakil située dans le bazar de Chiraz. ![]() Grace à cette composition à la manière du musée Grévin, l'ancien hammam de Vakil à Chiraz renoue avec son passé. ![]() Etincellante de miroirs et d'argent ciselé, la Maison Qavam a été érigée à Chiraz entre 1879 et 1886 par Mirza Ibrahim Khan. ![]() La citadelle Karim Khan à Chiraz. Le panneau de carreaux au-dessus de l'entrée représente Rostam tuant le démon blanc. Installé sous quatre grandes voutes de brique, le bazar de Vakil à Chiraz est célèbre pour ses tapis, ses tissus nomades et ses épices. ![]() L'ancien hammam de la citadelle Karim Khan à Chiraz. Une succession de pièces richement ornées, de cours et de bassins. ![]() Le pavillon central du jardin de Shahzadeh (jardin du Prince) à Mahan dans la province de Kerman. ![]() La tombe de Darius Ier (Darius le Grand) est l'une des quatre tombes des rois achéménides sur le site historique de la nécropole Naqsh-e Rostam dans les environs de Persépolis. ![]() Bas-relief représentant l'investiture d'Ardachîr Ier au coeur de la Nécropole Naqsh-e Rostam dans la région de Persépolis. ![]() Ce bas-relief décorant l'escalier monumental de l'Apadana à Persépolis représente des Arméniens apportant leur célèbre vin au roi. Les nations soumises à l'Empire perse rendent ainsi hommage à Darius I accompagnées par les gardes. ![]() Le Tachara, ou le Château Tachar, également appelé le Palais de Darius le Grand était le bâtiment exclusif de Darius Ier à Persépolis. ![]() Détail des sculptures du Palais de Darius le Grand à Persepolis, le plus important et le mieux restauré des sites de la Perse antique. De forme presque carrée, la citadelle de Rayen comprend plusieurs tours dentelées. Elle est ceinturée d’une muraille haute de plus de dix mètres. Au temps de sa splendeur, Rayen abritait une mosquée, un bazar et de nombreuses habitations. ![]() La citadelle en terre de Rayen est située sur les flancs de la montagne Haraz dans la province de Kernam. C'est la plus grande fortification en brique du monde après celle de Bam. ![]() Les kaluts de la province de Kernam rassemblent une succession de crêtes et de couloirs creusés dans la roche par le vent. ![]() Formations de Kaluts dans le désert de Lut au coeur de la province de Kerman. ![]() La forteresse de Sar Yazd apparaît comme un immense château de sable. Construit au VIIe siècle, sous la dynastie Sassanide, elle était utilisée pour entreposer les céréales et la nourriture. ![]() Vue des remparts crenelés de l'ancienne cité caravanière fortifiée de Sar Yazd. ![]() Les deux tours imposantes du caravanserail de Shafi Abad plantées dans une oasis de la province de Kerman. ![]() Le caravansérail de Zeinodin date du XVIe siècle. il est situé près de Yazd sur l’ancienne route de la soie. C'est l'une des 999 auberges construites durant le règne de Abbas Ier le Grand afin d'accueillir les voyageurs. ![]() Le palais de Sarvestan a été construit par le Roi Sasanian Bahramgur au Ve siècle dans la région de Fars. ![]() Prière dans le sanctuaire de Shah Nematollah Vali à Mahan dans la province de Kerman. ![]() Peintures murales de scènes d’animaux décorant l’entrée principale des Bains Ganjali Khan dans le Grand Bazar de Kerman. Le décor original en plâtre de l’ère Safavide a disparu au fil des années puis a été restauré en s'inspirant des peintures Qajar. ![]() Grand choix de voiles dans le Grand Bazar de Kerman. Le port du voile pour les femmes est une obligation au pays des Ayatollahs. Etape importante de la Route de la Soie, la ville de Kerman a conservé une tradition commerciale très forte qui s’exprime toujours dans son grand bazar. Un labyrinthe de plusieurs kilomètres où l’on trouve tous les métiers, tous les produits, toutes les épices. ![]() Epices et toute sorte de denrées envahissent tous les espaces du Grand Bazar de Kerman. ![]() Coupole constellée de mosaïques de la Mosquée de Jameh ou Mosquée du Vendredi à Kerman. ![]() Tour du silence zoroastrienne utilisée pour les rites funéraires à la périphérie de la ville de Yazd. ![]() Complexe Amir Chakhmaq au coeur de la ville de Yazd. Il regroupe une mosquée, un bazar, un caravansérail ainsi qu’un tekiyeh, place de commémoration du martyre de l'imam Hossein. ![]() Les Badgir (tour du vent) - ici à Yazd - sont des éléments traditionnels de l'architecture persane utilisés depuis des siècles pour créer une ventilation naturelle dans les bâtiments. ![]() Jeunes étudiantes à la Mosquée du Vendredi (Mosquée Jameh) de Yazd. Derrière les voiles, toute la modernité s'invite. ![]() Le Yazd Atash Behram à Yazd est l'un des temples du Feu Zoroastriens les plus importants d'Iran. ![]() Autour du Complexe Amir Chakhmaq de Yazd, échopes et restaurants participent à la vie sociale. ![]() A la nuit tombée, le Complexe Amir Chakhmaq de Yazd s'éclaire de mille feux et s'anime. ![]() Zurkhaneh - littéralement "maison de la force" - est le gymnase traditionnel iranien, dans lequel est pratiqué un sport national appelé Varzesh-e Pahlavan. ![]() Un pigeonnier à Meybod dans la province de Yazd. Il peut accueillir des milliers de pigeons. ![]() Situé entre montagnes et désert à une centaine de kilomètres de Yazd, le village de Kharanaq fait de briques et de terre aurait été occupé il y a 4000 ans. ![]() Camions, voitures, autocars se dépassent, se croisent, s'arrêtent aux maisons de thé pour routiers. ![]() Cette immense couche de sel est le lac salé de Mahrejan dans les environs de Yazd. ![]() Les déserts occupent une grande partie de l'Iran. Celui de Mesr, situé à cinq cents kilomètres au sud-est de Téhéran commence à attirer les touristes iraniens. ![]() La Mosquée Jameh (mosquée du Vendredi) située au cœur de la ville de Nain dans la province d'Ispahan. Les éléments les plus anciens de cette mosquée remontent à la première moitié du Xe siècle. ![]() La Citadelle Narenj dans la Ville de Nain. Très endommagée, elle date de l'époque des Sassanides. ![]() Portraits de martys et de mollahs dans le Mausolée de Sultan Amir Ahmad à Kachan. ![]() Le mausolée de Sultan Amir Ahmad à Kachan pétille d'or et de céramique; d'éclats de verre et de couleurs chatoyantes. ![]() La Maison des Tabatabaei à Kachan fut construite vers 1840 pour l'influente famille des Tabatabaei, célèbres marchands de tapis. ![]() Partie de football sur les pelouses de la Place Naghsh-e Jahan à Ispahan. Au fond, le dôme de la Mosquée du Sheikh Lutfallah. ![]() Une salle du restaurant Naghsh-e Jahan à Ispahan. Selon la tradition, on déjeune agenouillé sur un tapis. ![]() Une des grandes fresques de la salle des banquets du palais de Chehel Sotoun à Ispahan : La Bataille de Karnal entre Nader Shah Afshar et Mohamed Shah Gurkani, roi de l'Inde. ![]() Derrière Le minbar en marqueterie (XVe siècle) de la mosquée du Vendredi d'Ispahan, l'admirable travail du Mihrab en stuc. ![]() Les fresques de la cathédrale arménienne Saint Sauveur d'Ispahan. Elles racontent entre autres le martyre de saint Grégoire l'Illuminateur, fondateur de l'Église arménienne. ![]() Dans les couloirs d'Ali Qapu, un palais de cinq étages donnant sur la Meydan-e shah (place Royale) d'Ispahan. ![]() Dans ce joli fouilli de lampes et d'ustensils, ce café branché d'Ispahan sert le meilleur de la cuisine iranienne. Le sharbat, une gentille boisson sucrée accompagnée de griottes, Le doogh, un mélange à base de yaourt et toute sorte de Kababs, ou encore une glace parfumée au safran et à l'eau de rose. |
Y aller.
Les Epopées du monde, l’un des meilleurs spécialistes de l’Iran, propose plusieurs circuits originaux en 2019. Itinéraires élaborés et éprouvés, régulièrement mis à jour.
Petits groupes (2 à 12 personnes), guide local francophone. ✓ « Entre Suse et Djiroft, par le détroit d'Hormuz et ses îles », un périple à la source du temps des Elamites, prospères après la chute du royaume mésopotamien d’Akkad il y a quelque 4000 ans. Les rois élamites vont alors construire parmi les premières grandes cités du monde. 15 jours, du 4 au 18 février/18 novembre au 2 décembre. ✓ « Déserts dorés, fières citadelles et mosquées célestes ». Entre les mosquées de Chiraz, Yazd, Kerman ou Ispahan et les paysages désertiques dont les habitants ont subtilement réussi à capter l’eau des montagnes environnantes, l’Iran d’hier, d’aujourd’hui et de demain dévoile ses paradoxes et ses subtilités. 15 jours, 22 février au 8 mars/1 au 15 novembre. ✓ « Cités pieuses et terres des poètes, de Machhad à Ispahan ». Toutes les merveilles de l’Iran condensées dans ce circuit. Indiscutablement le premier voyage à effectuer en Iran. 15 jours. 8 au 22 avril/30 septembre au 14 octobre. ✓ « De Yazd à Tabriz, l’histoire d’une nation ». Ce circuit particulièrement complet dévoile les six anciennes capitales du monde iranien. Un vagabondage sur trois millénaires. 16 jours. 12 au 27 avril/6 au 21 juin/13 au 28 août/29 octobre au 13 novembre. ✓ « De sentiers azéris en allées royales ». Un hommage à l’architecture de la Perse imprégnée par le souffle divin : temples zoroastriens, églises arméniennes, mosquées et madrasas. l’Iran occidental aux accents azéris combiné avec les patrimoines de la province d’Ispahan. 14 jours. 7 au 20 juin/23 août-5 septembre. EPOPÉES DU MONDE, 1, bis rue Quentin Bauchart, 75008 Paris, Tél : 01 47 20 81 15/06 32 82 91 99, mgosselin@epopeesdumonde.com, www.epopeesdumonde.com A savoir
- Le visa s’obtient de deux façons : soit en se présentant parsonnellement au consulat de Paris aux fins de numérisation des empreintes digitales (délais : environ 3 semaines), soit au bureau des visas de l’aéroport d’arrivée en présentant un numéro d’autorisation obtenu auprès du ministère des affaires étrangères iranien (en général, les agences de voyages s’en chargent).
- Aucune vaccination obligatoire. - Le port d’un foulard ou d’une étole est obligatoire pour les femmes dans tout lieu public. L’importation d’alcool est interdite ! - La monnaie est le rial iranien. Les cours varient sans cesse. L’euro est largement accepté ; il est quasiment impossible de payer avec une carte de crédit. ![]() |